Comment on écrit l'histoire au XIIIe siècle. Primat et le Roman des roys

Vers 1275, Primat, moine à Saint-Denis, achève la rédaction de la grande histoire de France écrite en français. C'est le Roman des rois, chronique de la monarchie rétablissant les Capétiens dans la droite lignée de Charlemagne. Jusqu'au début du XVIe siècle, ce texte majeur, vaste compilation d'ouvres latines antérieures, restera l'une des bases de la culture historique des Français. Mais qui en est le véritable commanditaire ? S'agit-il de Saint-Louis, comme l'ont longtemps cru les historiens ? Ou, plus certainement, de l'influent abbé de Saint-Denis, Mathieu de Vendôme ? Bernard Guenée tranche en faveur de cette hypothèse qui traduirait une certaine indépendance de Primat, et livre ici les clés de compréhension de chef-d'ouvre. Il fait lumineusement apparaître l'extraordinaire cohérence du système lexical employé par l'auteur du Roman des rois. À travers ce système de langage, Primat projette dans le passé le royaume de France qui lui paraissait le modèle à suivre dans le présent.
Bernard Guenée montre que Primat n'était pas un simple thuriféraire de la grandeur des rois de France, mais bien un grand historien du XIIIe siècle.